« On ne naît pas femme » disait une grande dame. Il semble qu’on ne le devienne pas forcément non plus.

Et si on le devient, peut-être y a-t-il autant de façons de le devenir que de personnes identifiées comme « fille » à la naissance en raison de leur anatomie. D’ailleurs, Lacan n’a-t-il pas dit « La femme n’existe pas ». Non pas au sens ou le genre féminin n’existerait pas, mais au sens où une femme universelle avec un grand L qui contiendrait toutes les autres et suffirait à les définir toutes, n’existerait pas.

Mais on peut aussi ne pas se reconnaître dans cette assignation ou s’y reconnaître partiellement, à des degrés différents.

On peut se sentir profondément femme alors que notre corps nous rangerait à priori sans équivoque du côté masculin.

Et puis qu’est-ce que cela veut dire, être une femme, outre le fait d’avoir des caractères sexuels secondaires repérés comme féminins ?

Wesley Thomas de la tribu Navajo disait avoir identifié 49 identités de genre différentes entre l’homme et la femme au sein de cette tribu amérindienne. Ce qui laisse penser qu’au-delà du corps que l’on reçoit, l’identité de genre se construit, à partir de ressentis, d’expériences et de croyances, tout cela inscrit dans un contexte culturel à un moment précis de l’Histoire, mais aussi dans une histoire de vie singulière.

Pour autant notre corps nous identifie, nous met socialement à une place et nous expose à un vécu « de genre ».

L’idée était donc de permettre aux femmes cis (qui se reconnaissent dans le genre qui leur a été assigné à la naissance), transgenres (qui ne se reconnaissent pas dans le genre qui leur a été assigné à la naissance), aux personnes non binaires (qui se situent quelque part entre le féminin et le masculin, qui peuvent revendiquer les deux, aucun des deux, un genre autre, …) des personnes ne sachant pas vraiment où se situer mais se sentant concerné.é.s, de s’exprimer à travers le médium de leur choix, au sujet du féminin, quel que soit le rapport intime qu’iels entretiennent avec celui-ci ( qu’iels l’aiment, le détestent, le subissent, le sacralisent, le renient…). L’ambition était de saisir des petits morceaux de tous ces féminins possibles en rassemblant et en laissant se faire écho ou se contredire des voix singulières.

Collectif GangReines